Loisirs

Terminologie des livres avec multiples histoires : les appellations courantes

Un recueil n’a pas la même valeur qu’une anthologie, même si les deux rassemblent plusieurs textes distincts. Les professionnels du livre distinguent soigneusement chaque terme, parfois jusqu’à la subtilité extrême, alors que le grand public emploie souvent des appellations interchangeables. Pourtant, une erreur de vocabulaire peut modifier la perception, voire la cote, d’un ouvrage chez les collectionneurs.

Certains mots anciens persistent dans les catalogues spécialisés, alors que de nouveaux concepts éditoriaux apparaissent chaque décennie. Les usages évoluent, mais la terminologie reste un enjeu central pour bibliophiles, libraires et institutions patrimoniales.

La bibliophilie, une passion aux multiples facettes

Le livre attire autant qu’il intrigue, porté par sa longue histoire comme objet de transmission, symbole d’un goût partagé pour la culture et la découverte. Derrière les portes feutrées des bibliothèques, la reliure raconte d’emblée la ferveur des amoureux du papier. De Paris à Toulouse, chaque volume témoigne du foisonnement des pratiques et des époques qui l’ont vu naître. La bibliophilie repose sur un œil exercé : reconnaître la patine d’une édition sortie d’un atelier de Bamberg, repérer la marque d’un imprimeur lombard, dénicher ce livre religieux médiéval qui a traversé les siècles.

L’apparition des premiers livres imprimés, héritiers de Gutenberg, a bouleversé l’ordre intellectuel. Un détail, comme le premier livre avec pagination, matérialise la soif d’organisation des textes et marque un jalon décisif dans l’évolution du livre. Dès le XVe siècle, les ateliers français innovent : typos originales, gravures, formats inattendus. En parallèle, la reliure s’émancipe, devient une pièce d’art, parfois signée, toujours soignée, avec ses cuirs, ses dorures, ses fers à froid.

Les bibliothèques privées jaillissent, tout aussi riches en livres religieux qu’en œuvres profanes. On croise des manuscrits enluminés, des incunables sortis d’une presse audacieuse. Chaque exemplaire suit un chemin singulier, passant de génération en génération. Ce bouillonnement se dévoile dans les catalogues spécialisés, où chaque détail matériel, page de titre, composition des cahiers cousus, fait l’objet d’une attention scrupuleuse.

Quels mots pour désigner les livres à histoires multiples ?

Au fil du temps, la terminologie des livres avec histoires multiples s’est enrichie, façonnée par l’usage et la nécessité de distinguer les formes d’assemblages de textes. Bibliographes, relieurs, vendeurs et chercheurs emploient des termes précis pour décrire ces volumes qui accueillent plusieurs textes ou corps d’ouvrage indépendants.

Parmi ces termes, recueil occupe une place de choix. Ce mot désigne un ouvrage réunissant des textes autonomes, parfois signés de différents auteurs, tous liés par une même reliure. On le retrouve dans la poésie, les nouvelles, le théâtre, mais aussi dans les grandes œuvres religieuses : la Bible juxtapose ancien testament et nouveau testament, chaque partie possédant sa propre pagination et, souvent, une table des matières propre. Le titre d’ouvrage peut changer d’une section à l’autre, soulignant l’indépendance de chaque livre à l’intérieur du même volume.

Pour les ouvrages techniques ou savants, d’autres termes s’imposent : division d’ouvrage ou cahiers assemblés cousus. Dans ces cas, chaque section s’ouvre sur une page titre distincte ou une numérotation particulière, parfois en chiffres romains, ce qui facilite l’identification de la page usitée ou du recto inaugural. Détail révélateur : les tables des matières apparaissent en ouverture ou à la fin, permettant de naviguer aisément entre les différentes histoires, de repérer un commentaire ou une préface propre à chaque partie.

Voici les principales appellations utilisées pour désigner ces formes variées :

  • Recueil : assemblage de textes autonomes
  • Corps d’ouvrage : parties distinctes dans un même livre
  • Cahiers assemblés cousus : sections matérielles ou narratives réunies
  • Division d’ouvrage : subdivision structurée du volume

Cette diversité de termes reflète la créativité éditoriale et l’exigence de précision des passionnés du livre rare, qu’ils soient libraires, bibliothécaires ou collectionneurs.

Adolescent feuilletant un livre dans une librairie urbaine animée

Repères et références incontournables pour s’y retrouver dans le jargon des amateurs de livres

Le langage du livre s’est affiné dans les ateliers d’imprimeurs et les salons de bibliophiles, donnant naissance à une terminologie foisonnante. La page liminaire se construit autour du titre, du sous-titre, sans oublier le faux-titre, ce feuillet discret qui précède souvent la page de garde. Sur les marges, le folio, le feuillet numéroté, guide le lecteur, tandis que le format (quarto, octavo, ou italienne pour l’oblong) façonne l’objet dans la main.

Les initiés s’attachent à la mention achevé d’imprimer, ultime signature d’une édition, ou à l’édition originale tant convoitée. Le format d’un livre se définit par la manière dont la feuille est pliée pour former les pages : du psautier médiéval au brevière de poche, chaque variante raconte une époque, une fonction.

Pour aider à décrypter ce jargon, voici quelques repères clés :

  • Titre de forme : désignation conventionnelle pour les œuvres classiques ou les recueils
  • Titre uniforme : forme normalisée pour regrouper toutes les éditions d’un même texte
  • Marge de pied : bas de page, espace réservé aux annotations ou marques typographiques

Des noms comme Albert Pfister à Bamberg, Édouard Pelletan ou Ambroise Vollard jalonnent l’histoire du livre illustré et imprimé. Picasso, Rouault, Lautrec, Bonnard, tous ont fait du fac-similé et du livre d’artiste des objets d’exception, mêlant textes classiques, typographie recherchée et estampes originales. La richesse du vocabulaire, première page, pupitre, ordre alphabétique, raconte la vitalité d’un patrimoine écrit dont chaque terme, chaque choix de mot, ouvre une porte sur un univers de passion et de savoir partagé.